La tradition de la corrida face à la protection animale
Jeudi 10 septembre, devant le tribunal, la SPA a cité à comparaître pour cruauté la municipalité de Bayonne, dans le cadre d’une offensive contre la corrida.
La Société protectrice des animaux (SPA) a plaidé jeudi 10 septembre devant le tribunal correctionnel de Bayonne « l’abolition de la corrida », en citant à comparaître pour cruauté la municipalité, les arènes, un torero, dans le cadre d’une nouvelle offensive judiciaire visant plusieurs villes à tradition tauromachique.
« Tradition millénaire symbole du combat contre la mort » pour les uns, « pratique macabre » pour d’autres, la salle d’audience a résonné des arguments pour ou contre la tauromachie, des controverses qui devraient se reproduire dans les mois à venir à Dax, Carcassonne, Nîmes, Béziers, à la suite de citations directes à comparaître similaires déposées fin 2019 contre ces villes.
De 2017 à 2019, 27 corridas avec mises à mort à Bayonne
Dans le cas de Bayonne, le premier à être audiencé, la SPA avait cité le torero Jean-Baptiste Jalabert dit « Juan Bautista » en tant qu’auteur principal, la ville de Bayonne et le gérant des arènes en tant que complices, de « sévices graves et acte de cruauté envers un animal ».
L’avocat de la SPA, Me Nicolas Huc-Morel, a rappelé que « de 2017 à 2019, 27 corridas avec mises à mort ont été organisées à Bayonne, soit plus de 160 taureaux auxquels on a infligé des sévices graves ». « En France, plus de 70 % des personnes interrogées sont contre la corrida. Le constat d’un changement de l’opinion doit être pris en compte », a-t-il plaidé.
Me Philippe Moriceau, qui défendait la ville, les arènes et le torero, a rappelé que « le Code pénal réprime les sévices graves et acte de cruauté envers un animal en captivité » mais qu’il « exclut l’application de ces dispositions aux courses de taureaux », pour les cas « où une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ».
« Une tradition locale ininterrompue »
À l’audience, le maire de Bayonne Jean-René Etchegaray a lui-même défendu cette « tradition locale ininterrompue ». Il a retracé l’histoire de la corrida dans la ville à 1701 et aux « premières courses de taureaux à la mode espagnole, données en hommage au duc d’Anjou, pour célébrer son arrivée sur le trône d’Espagne ».
« C’est une tradition locale ininterrompue depuis lors, avec deux exceptions : en temps de guerre et cette année puisque j’ai pris la décision d’annuler toutes les corridas pour des raisons sanitaires », a-t-il ajouté.
Le président de la SPA Jacques-Charles Fombonne a expliqué le contexte de cette nouvelle offensive judiciaire, après une similaire en 2017, alors sous forme de plaintes. « L’idée est qu’à force d’en parler on va bien finir par avoir l’oreille du législateur », pour « changer la loi », a-t-il déclaré. « La finalité pour nous, c’est d’obtenir l’abolition de la corrida avec mise à mort ».
La décision a été mise en délibéré au 17 novembre.